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La réalité des chiffres : population et permis de construire

Sur la dernière décennie, Villars sur Var affiche une grande stabilité démographique : autour de 715 habitants selon l’Insee (2021), sans poussée soudaine ni vague de constructions neuves. Le nombre moyen de permis de construire accordés chaque année reste modeste : entre 2 et 5 selon les données du Ministère de la Transition écologique (Statistiques Sitadel2, 2010-2023), en majorité pour des extensions ou des rénovations, rarement pour des maisons neuves.

  • 2021: 2 permis de construire (extension, rénovation)
  • 2022: 3 permis, dont 1 en secteur agricole (serre, hangar)
  • 2023: 4 permis, uniquement sur le bâti existant

Ce chiffre bas, reflet d’une volonté politique affirmée, trouve racine dans la géographie du lieu, l’histoire des crues et la fragilité de l’accès en zone montagne.

Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) : gardien de notre identité

Villars sur Var fait partie des communes de l’arrière-pays ayant adopté un Plan Local d’Urbanisme il y a plus de dix ans. À chaque révision, le même soin est apporté à la préservation des zones boisées ou agricoles, qui couvrent 85 % du territoire communal (source : PLU, 2023).

L’édition 2023 du PLU, validée en septembre dernier après enquête publique, confirme plusieurs choix structurants :

  • Gel des zones naturelles (N, A) : Aucune ouverture à l’urbanisation nouvelle n’est prévue en-dehors du centre-bourg.
  • Nuances dans le centre : En zone UA (centre historique), priorité totale à la réhabilitation de l’existant, pas de démolitions/reconstructions lourdes autorisées.
  • Habitat diffus : Les hameaux hors du village n’accueilleront pas de nouveaux lotissements. Seuls les anciens locaux à usage agricole sont autorisés à être transformés en habitat, selon le principe du « bâti existant ».

Cette approche a souvent donné lieu à de longues discussions. Plusieurs riverains, rencontrés lors de l’enquête publique, ont souligné l’inquiétude de voir le village « figé », alors que d’autres redoutent par-dessus tout le risque de « bétonisation » ou de perte de caractère (recueil d’observations disponible en Mairie).

Permis de construire : comment ça se passe concrètement ?

À Villars sur Var, déposer une demande de permis suppose de s’armer de patience… et d’un solide dossier. Entre la consultation des architectes des Bâtiments de France (ABF), la vigilance du service urbanisme intercommunal et la prise en compte des aléas naturels majeurs (zones à risques, glissements de terrain, incendies…), les délais moyens constatés dépassent parfois 6 mois pour une autorisation.

  • Les projets en façade sur le centre village doivent respecter la charte de couleurs, choisir tuiles canal, huisseries bois, et bannir crépis synthétiques ;
  • Tout projet dans le périmètre classé est soumis à l’avis des ABF : en 2023, 2 dossiers ont été refusés pour cause de fenêtres PVC non conformes et de clôture jugée « hors esthétique locale » ;
  • Pour bâtir en périphérie (hors zone UA), un CU (certificat d’urbanisme) opérationnel est en général demandé en amont, pour éviter d’instruire des dossiers voués à l’échec.

La mairie met à disposition une aide à la constitution des dossiers, sur rendez-vous. Il s’agit de limiter les écueils… Certains habitants évoquent « beaucoup d’allers-retours » mais reconnaissent que « ça protège le village ». (anecdote partagée lors de la dernière réunion publique, nov. 2023)

Les récentes décisions phares du Conseil Municipal

Au fil des dernières séances du Conseil, plusieurs décisions structurantes ont été votées et sont entrées en vigueur ce printemps 2024 :

  • Interdiction des piscines hors-sol et semi-enterrées visibles depuis la route départementale (RD 6202), pour maintenir la perspective sur la vallée, votée à l’unanimité en mars.
  • Encadrement des panneaux photovoltaïques en toiture : obligation d’orientation non visible depuis le cœur du village, et couleurs de panneaux compatibles avec le bâti ancien ; une première installation de panneaux « terracotta » a été validée en mai 2024.
  • Adaptation des règles pour les jardins partagés : suite à la demande de l’association Récoltes Solidaires, simplification des démarches administratives pour développer de nouveaux espaces, sans clôture dure ni abris fixes.
  • Ouverture d’une étude sur l’habitat senior :orientation vers l’aménagement léger d’un bâtiment existant plutôt qu’une nouvelle construction, pour répondre au vieillissement local sans artificialiser les sols.
  • Refus du projet de « tiny village » (micro-habitats mobiles), jugé non conforme au PLU et au risque inondation sur le secteur demandé (Procès-verbal du Conseil municipal du 19 avril 2024).

Chaque décision s’appuie sur un équilibre entre ouverture au changement et attachement à la préservation des lieux ; les débats ont parfois duré. Le cas le plus commenté ces derniers mois sur la place du village concernait justement le photovoltaïque : fallait-il permettre les panneaux visibles, au risque de transformer la perspective sur les toits du port villageois ? Le compromis finalement trouvé allie écologie et respect du patrimoine.

Les grands défis à venir : résidences secondaires et logement local

Comme partout dans l’arrière-pays niçois, Villars sur Var voit les résidences secondaires représenter 32 % du parc immobilier (Insee, 2021) : ce chiffre élevé a impliqué un coup de frein sur les permis pour constructions nouvelles hors résidents à l’année.

  • Depuis 2022, priorité est donnée à l’installation de familles locales ou à l’accueil d’actifs souhaitant vivre à l’année ;
  • La création d’un « guichet logement » permet d’orienter les nouveaux venus vers la rénovation plutôt que l’achat de terrains nus ;
  • Des aides incitatives ont été votées pour favoriser la transformation de granges et remises en logements pérennes, afin de répondre à la demande : en 2023, deux familles en ont bénéficié.

L’objectif avoué : éviter le syndrome du « village fantôme » hors vacances, qui a touché tant de hameaux du Piémont et du Massif des Alpes du Sud ces vingt dernières années (voir l’étude « Renaissance rurale ou disparition ? », CAUE 06, 2022).

Urbanisme, risques naturels et adaptation climatique : le triptyque incontournable

Sur un territoire parfois rude, marqué par les crues de la Var (plusieurs épisodes majeurs depuis 1994) et le risque feux de forêt (classement « très sévère » sur 35 % du ban communal, DFCI 2024), impossible de penser urbanisme sans prendre en compte la réalité des sols et du climat.

  • Toute demande de permis doit fournir une étude de sol, surtout pour les constructions lourdes
  • Systématique : avis de la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) sur le risque inondation ou feu
  • Obligation pour les logements rénovés en zone inondable de réaliser des travaux de protection certifiés (hauteur seuil, ventilations adaptées, matériaux spécifiques)

Cette rigueur, parfois vécue comme une contrainte, est jugée par beaucoup indispensable à la survie même du village. Un maraîcher du quartier de la Cavière, interrogé lors de la dernière crue de 2019, rappelait : « Le béton revient chèrement payé quand la Var sort de son lit ! ».

Vivre, construire et rénover à Villars : conseils pratiques et astuces à retenir

  • Avant toute démarche, consulter le PLU (accessible en ligne et en Mairie) pour vérifier le zonage de la parcelle ;
  • Rencontrer le service urbanisme de la Mairie – une permanence est assurée le jeudi matin (sans rendez-vous) ;
  • Prendre rendez-vous avec l’architecte-conseil de la Communauté de Communes Alpes d’Azur : les premiers rendez-vous sont gratuits, et permettent d’éviter des projets incompatibles ;
  • S’informer sur les risques spécifiques au secteur : la carte InfoRisques du département des Alpes-Maritimes est mise à jour régulièrement ;
  • Ne pas négliger le dialogue avec les voisins – l’intégration paysagère est aussi une affaire de vivre-ensemble : un simple abri bois mal placé a déjà animé bien des discussions animées sur la place de la Mairie !

Un urbanisme au rythme du village

À Villars sur Var, les décisions sur l’urbanisme et les permis de construire dessinent une trajectoire faite de vigilance et d’attention à l’équilibre. Chaque choix – dans la pierre, la tuile ou le bois – vise à faire du village un espace à taille humaine, où la vie quotidienne ne sacrifie ni la mémoire des lieux, ni l’élan vers demain. L’attachement à l’identité locale guide les débats, même dans la diversité des échos qui résonnent entre la place, la vallée et les hameaux. Observer comment ces choix s’incarneront dans les années à venir, c’est aussi (re)découvrir la spécificité d’un village qui se construit… doucement, mais sûrement.

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