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La collecte sélective à Villars sur Var : une responsabilité partagée

À Villars sur Var, la collecte sélective fait partie du paysage. Les points d’apport volontaire (PAV) – conteneurs pour le verre, le plastique, le papier et les cartons – sont aujourd’hui implantés à des endroits stratégiques du village : au niveau de la place centrale, près de la mairie et en bas du vieux village. Ces points rendent le tri accessible à tous, même à ceux qui n’ont pas la place d’installer plusieurs poubelles chez eux.

  • Les chiffres locaux : selon la Communauté d’Agglomération de la Riviera Française (CARF), la zone qui inclut Villars sur Var, 270 kg de déchets ménagers sont triés chaque année par habitant (chiffres 2022, source : rapport CARF), chiffre certes stable mais encore loin des objectifs nationaux (35 % de déchets recyclés ; objectif : 50% à l’horizon 2025 selon la Loi relative à la transition énergétique).
  • Initiatives associatives : certains habitants bénévoles, regroupés dans le collectif “Villars Propre”, se relaient pour sensibiliser, organiser des opérations “Zéro déchet sauvage” et rappeler l’importance du tri lors de réunions informelles.

La vraie réussite réside dans cette responsabilité partagée, entretenue par la proximité et la vigilance quotidienne de chacun. Le bouche-à-oreille fonctionne : qui n’a pas entendu un voisin rappeler gentiment l’importance de ne pas se tromper de bac ?

Composts collectifs et privés : l’art de transformer les restes

Plus de la moitié de la part de nos poubelles pourrait être détournée grâce au compostage (source : Ministère de la Transition écologique). À Villars sur Var, la pratique du compost prend vie, petit à petit, à l’ombre des figuiers ou à deux pas du stade.

  • Le compost collectif du centre-village : inauguré en 2022 à l’initiative d’une demi-douzaine de familles aidées par la mairie, ce site accueille (presque) tout ce qui peut se décomposer : épluchures, marc de café, coquilles d’œufs, fleurs fanées. Un panneau pédagogique détaille la liste des “autorisés” et “interdits” – et, en été, une affiche supplie les usagers : “Pas de melon avant 18h, à cause des guêpes !”
  • Les composteurs individuels : depuis 2020, la CARF distribue des composteurs en bois à prix symbolique pour inciter les foyers à valoriser leurs biodéchets. Une soixantaine de familles de Villars sur Var seraient aujourd’hui équipées.

Résultat : au-delà des déchets détournés, c’est aussi du terreau partagé, utilisé pour les jardins collectifs, les massifs fleuris devant la mairie ou les potagers privés. Les échanges de “trucs” – ajouter des feuilles sèches, limiter les agrumes – stimulent la convivialité villageoise.

Réduire à la source : marchés, vrac, et économie locale

Le marché du samedi matin, sous la halle, n’a pas seulement l’accent chantant provençal : on y trouve de plus en plus de produits vendus sans emballage inutile. Fruits, légumes, fromages et œufs se glissent directement dans les cabas, les boîtes ou les sachets en toile que les habitués viennent avec eux.

  • Une épicerie engagée propose depuis 2022 un rayon vrac – pâtes, céréales, fruits secs, biscuits – et incite les clients à venir avec leurs contenants personnels.
  • Les maraîchers locaux acceptent volontiers, voire encouragent, à rendre les barquettes, boîtes à œufs ou cagettes lavées la semaine suivante. C’est simple, mais redoutablement efficace quand la relation de confiance fonctionne.
  • Plusieurs producteurs s’associent aussi à l’opération “Fruits moches, pas de gâchis” en fin de marché, convainquant ainsi les clients d’acheter à moindre coût des produits imparfaits mais délicieux – ce qui évite aux maraîchers de générer des invendus à jeter.

Réduire à la source, c’est aussi remettre en circulation des pratiques anciennes – pots de confiture lavés, bocaux remis au goût du jour, cabas partagés pour faire ses courses “à plusieurs”.

Actions scolaires et pédagogie de terrain : la sensibilisation dès le plus jeune âge

Au Groupe scolaire Albert Camus, la sensibilisation fait partie des projets éducatifs majeurs. Dès la maternelle, les élèves prennent part à des ateliers “Bien trier, bien vivre”, sous la houlette de leur enseignante et d’intervenants extérieurs.

  • Ateliers pratiques : découverte du cycle du tri, jeu de reconnaissance des déchets, collecte quotidienne des papiers dans des boîtes de récupération.
  • Jardin pédagogique : en place devant l’école depuis 2019, il accueille un mini-composteur où les restes du goûter sont déposés. Les enfants en observent la décomposition et apprennent la différence entre biodéchets, verre, plastique.
  • Une campagne “Ma gourde, mon geste pour la planète” limite drastiquement la consommation de bouteilles jetables dans l’école et lors des sorties scolaires.

La municipalité finance chaque année la venue d’associations spécialisées comme “Terra Aventura” ou “Découvre ta poubelle”, pour un “choc pédagogique” : comprendre que nos déchets rejoignent ceux du reste du département, alimentant la plus grande décharge d’Europe à Clans, toute proche.

Ateliers citoyens et événements : l’engagement par la pratique

Une autre force du village : sa capacité à fédérer autour de moments concrets. Deux à quatre fois par an, des ateliers ou événements collectifs prennent place à la salle polyvalente, ouverts à toutes les générations.

  • Atelier “fabrication de tawashi” : à partir de vieux t-shirts, chaussettes ou tissus hors d’usage, chacun repart avec une éponge lavable, utile chez soi et souvent joliment décorée par les enfants.
  • Initiation au lombricompostage : une habitante propose des sessions d’accompagnement pour installer chez soi un lombricomposteur, idéal pour les appartements ou les maisons sans jardin. Trois familles se sont équipées lors de l’atelier du printemps 2023.
  • Bourse aux jouets et vêtements : pas une année sans cet événement à Villars : les objets trouvent une seconde vie contre quelques euros ou, plus souvent encore, via le système du troc.
  • “Ramassage citoyen” : chaque rentrée, des volontaires arpentent les bords du Var et la montée du vieux village pour collecter canettes, plastiques ou objets perdus. 120 kilos ramassés en 2023 – l’équivalent du poids de deux moutons !

Des anecdotes et un air de changement : quand les habitudes s’ancrent

Parmi les petites révolutions silencieuses qui jalonnent la vie du village, certaines passent parfois inaperçues et pourtant changent tout :

  • Les pochons en tissu cousus par quelques mamies de Villars qu’on s’échange lors des marchés. Ils circulent d’une famille à l’autre… et finissent parfois dans la valise d’un touriste ravi.
  • L’installation, par un groupe d’adolescents, d’une boîte à livres réalisée à partir d’une vieille armoire sauvée de la benne.
  • La création d’un groupe Facebook “Donne tout, jette rien”, où chaque semaine s’échangent livres, vêtements, plantes, voire outils de jardinage ou surplus de confiture.

Ces anecdotes illustrent la force tranquille de la transmission de gestes simples. À Villars sur Var, le changement ne s’obtient pas à coups de grands discours, mais à coups de petits gestes, répétés, enrichis, partagés.

Pistes d’avenir et ambitions du village

Si Villars sur Var montre déjà de belles initiatives, le défi continue. À l’échelle du territoire, l’arrivée prochaine de la loi anti-gaspillage (AGEC) impose la gestion séparée des biodéchets à partir du 1er janvier 2024 (source : Ministère de la Transition Écologique). Beaucoup s’interrogent : faudra-t-il multiplier les composteurs ? Les commerces suivront-ils le mouvement du vrac ? Des échanges sont en cours avec la communauté d’agglomération et des opérations pilotes devraient voir le jour dès l’automne.

L’expérimentation d’un service de collecte des encombrants sur rendez-vous, la rénovation des conteneurs pour accueillir le tri des textiles, et la montée en puissance du réemploi figurent parmi les chantiers à venir. La petite taille du village, sa dynamique intergénérationnelle et son sens de l’entraide sont autant d’atouts pour que la gestion des déchets soit demain un enjeu encore plus collectif.

Villars sur Var n’a pas tout réglé, loin s’en faut. Mais en cultivant ces initiatives – petites et grandes – le village invente, chaque jour, une façon différente de prendre soin de son territoire. Ici, le déchet devient l’affaire de tous, et dans chaque sac plus léger, il y a le début d’une belle histoire partagée.

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